Pascaline Marre
auteur - photographe

Anonymous

29/01/2016
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Je t’ai rencontré au Parc Güell, à Barcelone. Papillon géant sur ton estrade de fortune, immobile, sous un soleil d’août, attrapant les regards, attendant la pose prometteuse. Sous ton habit d’argent et de poète moderne, ton regard m’a arrêtée.
Des hommes, des femmes, des enfants attirés par la magie s’approchaient pour se faire photographier. Homme-statue oublié dans le décor de ce jardin, d’autres badauds passaient aussi sans te voir. Puis, tu as posé tes ailes, ton chapeau, ton armure. Seuls restaient les traits dessinés sur ton visage, autour de tes yeux scrutant toujours, comme pour rechercher un point d’appui sur l’infini. Alors, apparaissait une autre histoire ; celle d’un homme délesté de son rôle, de son habit, redevenu homme dans sa chair, nu à la face du monde.

Statues stoïques projetées à l’indifférence créée par la multitude, qui sont ces hommes, ces femmes, dissimulés derrière leur déguisement, immobiles dans le paysage urbain de nos métropoles ? Combien d’heures disparaissent-ils ainsi, devenant des anonymes sans engagement autre que celui de leur survie ? Migrants de partout, citoyens de nulle part, qu’ont ils dû fuir ? Peut être rien, peut être tout.