Ô Parisiens du seizième
De vos beaux hôtels particuliers
De vos petits appartements feutrés
De votre cage bien dorée
Aux fenêtres claquemurées
Vous me répugnez.
Vous vous réveillez
D’un sommeil du juste
Pour défendre votre pré carré
Où vous vous enfermez.
Hors de votre vue cet étranger,
Cet intrus, ce malfamé.
Vous appelez à la défense des lapins
Qui ne seront plus protégés,
Vous revendiquez la vie des crocus,
Que vous ne pourrez plus admirer,
Dans ce jardin public
Que vous croyez privé.
Ô Parisiens du seizième
Du haut de votre méprise,
Du haut de votre ridicule,
Vers quel argument vous tourner
Pour bouter l’autre, l’étranger,
L’envahisseur, le sauvage, le mauvais.
Est-il seulement humain ?
A-t-il droit de vie, de cité ?
Pas sur mes trottoirs par mon chien crottés,
Pas sur les pelouses de mon jardin privé,
Pas en face de mes fenêtres dorées,
Non, surtout pas à mes côtés.
Ô Parisiens du seizième,
Vous criez, vous vociférez,
Vous huez, vous grimacez.
De peur, d’effroi, de votre bon droit,
De votre existence de petit bourgeois
Si noble face à ces non-droits.
Ô Parisiens du seizième,
Vous entendez-vous dire
Avec indécence et obscénités
Sans honte et sans vergogne
Les insultes, les grossièretés
Vociférées par votre personne ?
Ô Parisiens du seizième,
Protégés dans votre entre-soi,
De personnes bien comme il se doit,
Á l’insécurité, criez-vous sur tous les toits,
Vous vous couvrez de ridicule,
Vous me couvrez de honte.
A écouter :
"Colère dans le 16ème" http://www.franceculture.fr/emissio...
"Colère dans le 16ème, la suite" http://www.franceculture.fr/emissio...
Les pieds sur terre, émissions sur France culture
Jean-Hubert Martin, commissaire de l’excellente exposition "Carambolage" actuellement au Grand-Palais m’excusera d’utiliser les reproductions de l’oeuvre phare de l’exposition, qui m’ont semblées là si à-propos.