Là dans la rue, en bas de mes fenêtres, un attroupement de policiers et de pompiers.
12 hommes viennent d’être froidement abattus. 10 journalistes et employés de Charlie Hebdo. Je voudrais descendre pour crier à cette injustice sans nom. Impuissante face au carnage, je me réfugie dans les mots qui me manquent pour dire ma rage silencieuse.
Atteinte insupportable à la vie, atteinte à l’Homme, à des hommes, qui par leur plume nous ont fait réfléchir et rire, de leurs critiques acerbes, pour nous rappeler qu’il est nécessaire de résister, de provoquer, de critiquer, pour nous rappeler que nous ne sommes que des hommes et que nous avons encore tant à comprendre, tant à accomplir, tant à faire pour préserver la liberté d’expression et que ces équilibres sont bien fragiles.
Atteinte à la République qui défend ses valeurs de liberté et de respect de l’autre dans sa différence, contre toutes les dérives sectaires, toutes les haines, tous les communautarismes. 12 vies envolées d’un coup de feu de fous qui ne pensent plus, si tant est qu’ils ont su un jour penser.
Soutenons ces journalistes qui tous les jours, aux 4 coins du monde, risquent leurs vies. Soutenons ces journalistes qui, ici même, défendent leurs convictions et la sauvegarde de leurs rédactions. Soutenons ces journalistes qui luttent pour la liberté d’expression.
Je passe dans la rue, la vie suit son cours. Et je me dis que tout devrait s’arrêter, là. En mémoire aux journalistes assassinés. Arrêter le temps, comme il était un temps où l’on arrêtait les aiguilles d’une pendule. Remonter le temps, et se dire que si le carnage avait pu être évité. Mais aujourd’hui, mercredi 7 janvier 2015 à 11h30, 12 hommes ont été assassinés en plein cœur de Paris.
Je dépose des fleurs en leur mémoire.